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Les Fintech et leurs solutions innovantes pour l'économie

CONSEIL.- Une nouvelle source de fonds pour les entreprises : les FinTech, pour Financial Technologies, mettent à profit les nouvelles technologies pour diversifier les possibilités de financement des entreprises. Parmi les initiatives recensées, la startup Finexkap a lancé cette année une plate-forme d’affacturage.

L’innovation technologique mise au service du secteur de la finance, voilà ce que désigne la FinTech. Avec pour ambition d’améliorer l’expérience client des utilisateurs de leurs services, elles offrent plus d’autonomie et de contrôle. Plus qu’un phénomène de mode, les FinTech portent en elles une mutation profonde, dont la pérennité passe par l’investissement et la confiance, du rapport annuel de gestion jusqu’au procès-verbal.
Ce second article est consacré aux formalités de dépôt des comptes annuels et aux déclarations fiscales que les experts-comptables doivent réaliser pour le compte de leurs clients, à la suite de la tenue des AGOA
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La FinTech. – Qu’est-ce que c’est ?

Au sein de l’économie numérique, l’appellation FinTech regroupe sommairement trois principales activités :

1/ le financement participatif

2/
 le paiement mobile

3/ la banque en ligne

Elle fait aujourd’*** l’objet d’une attention particulière, en témoigne l’invitation des ministres des finances et des comptes publics et de l’économie, de l’industrie et du numérique le 23 mars dernier à Bercy d’une sélection de FinTech pour la 5e édition du « Jeudigital ». Avec, pour Michel Sapin, l’ambition de valoriser les initiatives numériques dans le secteur de la finance et de porter des « innovations utiles pour les consommateurs, les épargnants et les investisseurs, qui assurent aussi leur bonne protection ».

Un discours partagé par les startups invitées pour l’occasion avec, parmi elles, Finexkap à l’initiative d’un service de financement des factures des professionnels en attente de paiement (https://www.finexkap.com/).

Une solution d’affacturage en ligne

Avec un produit conçu dès 2012, l’idée est de proposer depuis le 5 janvier 2015 la première plate-forme de financement de trésorerie en ligne pour les entreprises, avec pour cœur de cible les startups et les TPE/PME.

Les associés fondateurs de Finexkap, Arthur de Catheu et Cédric Teissier, sont partis d’un constat simple :

– 25% des défaillances d’entreprises sont liées à des problèmes de trésorerie ;

– 40% font état de problèmes de financement de trésorerie actuels ou à venir.

Le résultat ?

Des sociétés avec un business model a priori sain peuvent se retrouver en difficultés en raison d’un défaut de trésorerie, avec des créances en attente. Des créances qui, faute de service dédié ou de la possibilité de disposer d’une solution de credit management, restent impayées sans parfois avoir été relancées ou négociées. Si l’intervention du législateur avec les solutions intégrées dans la loi LME ont été bénéfiques, avec notamment la création d’un délai de paiement de quarante-cinq jours[2], il reste que ces délais ne sont pas toujours respectés. Et, en tout état de cause, la mise en œuvre de tels efforts a un coût, en temps et en argent.

Plus préoccupant, il semblerait aujourd’*** que la situation ne s’améliore plus, comme cela a été évoqué lors de la manifestation dédiée à l’amélioration de la situation des entreprises, organisée à l’initiative de membres du gouvernement[3]. À cette occasion, il a notamment été souligné que « les délais de paiement représenteraient une ressource de 15 milliards d’euros pour les entreprises ».

Ce serait alors une entreprise sur quatre qui disparaîtrait en raison d’impayés. Ainsi, si le retard moyen des délais de paiement, qui a peu évolué depuis la loi LME, s’élève à douze jours (contre six en Allemagne), on constate qu’une entreprise sur trois ne les respecte pas. Le non-respect des délais de paiement représente, en effet, 25% des dossiers déposés auprès du médiateur interentreprises. 70% des patrons de PME et ETI estiment qu’il est prioritaire de surveiller le niveau de trésorerie pour piloter l’activité de l’entreprise.

Pour faire face à ce type de difficulté, les solutions auxquelles recourent les chefs d’entreprise sont disparates : 29% se contentent de relancer leurs clients, 24% essaient de négocier avec leur banquier des facilités de caisse et 19 % renégocient les délais de paiement de certains de leurs fournisseurs. Seuls 2% d’entre eux ont recours à l’affacturage, un service émergent en France que les pouvoirs publics aimeraient pousser davantage (V. notamment en ce sens, la proposition de mise à disposition de solutions d’affacturage collaboratif du Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique).

Mais l’affacturage n’est pas une nouveauté en soi

L’affacturage ou « factoring » est traditionnellement définit comme un mode de financement du poste Clients d’une entreprise. Cette méthode désigne l’opération par laquelle un factor se fait céder des créances et s’engage en contrepartie à assurer différents services au profit de l’adhérent, à savoir le recouvrement de ses créances, un financement et le plus souvent l’assurance-crédit sur les clients. Le principal intérêt pour l’entreprise est donc de récupérer immédiatement de la trésorerie.

En France, le secteur de l’affacturage a enregistré en 2013 une nouvelle progression significative de son activité. Comme lors de l’exercice 2012, l’affacturage demeure en 2013 le seul métier de financement spécialisé dont l’activité est en croissance. Le chiffre d’affaires du marché de l’affacturage français progresse ainsi de 6,7% en 2013 et s’élève à 197,7 milliards d’euros de créances achetées.

Une solution d’affacturage « dépoussiéré »

Chez Finexkap, cette même solution est mise en avant pour permettre aux entreprises « de reprendre le contrôle de leur trésorerie », selon Cédric Teissier, co-fondateur de la startup. Par un subtil mélange de technologies appliquées à l’affacturage, on obtient ce que les dirigeants de Finexkap appellent « une solution d’affacturage dépoussiérée ». Le principe reste de céder des factures en attente de paiement. La différence, par rapport à l’activité traditionnelle et aux établissements d’affacturage traditionnels, s’impose assez rapidement avec un produit entièrement dématérialisé, rapide (réponse donnée en maximum 72 heures), sans engagement (de durée ou de volume) et un tarif transparent (pourcentage de la valeur faciale de la facture). Ainsi, le retour sur l’éligibilité est instantané avec un temps de 0,87 secondes après saisie du numéro de Siren. De cette façon, la startup offre une alternative innovante au problème du coût d’acquisition dans le processus traditionnel s’étalant sur quatre à six semaines, au cours desquelles le factor demandera le plus souvent à l’entreprise ayant des besoins de financement de vérifier sa comptabilité, de fournir une caution personnelle et parfois de mettre à jour son logiciel comptable ou de revoir la gestion de son besoin en fonds de roulement.

Ce faisant, la startup affiche une volonté déterminée de connecter des investisseurs privés désireux de financer l’économie réelle et des petites entreprises qui ont des besoins de financement à court terme.

À cet égard, elle dénombre parmi ses investisseurs qualifiés essentiellement des fonds, et s’adresse à des entreprises avec des excès de trésorerie. Ainsi, sans être comparable aux services de credit management mis en place dans les grands groupes, la solution proposée a le mérite de faire profiter des acteurs de moindre taille de solutions de trésorerie.

L’avenir est par ailleurs prometteur avec plusieurs perspectives, dont la mise en place de solutions pour les PME de balance âgée (document comptable récapitulant en fonction de leur échéance tous les comptes clients ou fournisseurs non soldés), de solutions de reverse factoring (pour affacturage inversé[9]) ou encore d’intégrer les solutions Finexkap au sein d’écosystèmes électroniques sur lesquels figurent les créances commerciales, dématérialisées.

Après avoir récemment procédé à une importante levée de fonds alors qu’elle ne réalisait pas encore de chiffre d’affaires, la société a lancé son service en ligne au public début 2015 avec déjà plusieurs clients.

Outre cet aspect, l’autre enjeu majeur à appréhender est la confiance des utilisateurs.

Susciter la confiance

Céder en ligne ses factures en attente de paiement pose inévitablement la question de la confiance. Un aspect qui pourrait être un frein au moment de franchir le pas de la dématérialisation de ce type de services.

Ce serait cependant oublier que la digitalisation des services bancaires est déjà bien avancée. L’utilisation des services bancaires en ligne entre 2006 et 2012 a, en effet, triplé et 50 à 60 % des opérations simples sont réalisées en ligne.

Les pouvoirs publics expriment d’ailleurs leur intention d’accompagner ces changements, par exemple avec l’introduction d’une disposition imposant le recours à la facturation électronique pour les grandes entreprises à partir de 2017 dans la loi pour la croissance et l’activité.

Quoiqu’il en soit, Cédric Teissier précise que « chez Finexkap l’intervention humaine se fait à tous les stades du traitement des factures des clients et de l’éligibilité de ces derniers en termes de solvabilité ».

Avant toute proposition de financement, la société procède à une triple analyse . Elle étudie la combinaison des éléments suivants :

1°)   Le cédant, son profil analyse crédit (notamment en évaluant le risque de litige lié à l’exécution de la prestation convenue) mais aussi sa personnalité pour prévenir une éventuelle fraude ;

2°) Son client, « et surtout son client dans le modèle actuel dans lequel la société internalise le risque de la durée du financement » et supporte l’absence de recours ; et

3°) La facture, qui traduit « l’expression d’une relation commerciale », dont le paiement est fonction du rôle stratégique du fournisseur et pour laquelle le calcul de l’échéance prévisible de paiement se fera au cas par cas.

En effet, si les algorithmes sont utiles pour calculer le financement, l’intervention humaine demeure indispensable pour analyser ces trois éléments et pour qualifier la faisabilité d’une opération, notamment parce que la statistique ne fonctionne que sur une masse granulaire.

Enfin, la dématérialisation « ne signifie pas l’absence d’interactions », souligne Léa Véran, directrice marketing, ou même de rencontres, surtout pour les nouveaux clients pour lesquels une phase d’accompagnement intervient souvent, afin de les rassurer, de consolider la crédibilité de la société, et de les « conduire pas à pas vers un premier financement ». Cependant, une fois la relation commerciale établie, la réactivité est appréciée, à tel point que ceux-ci reviennent rapidement avec davantage de factures.

Être connue et reconnue, tel est le plus ardent désir de la jeune pousse: faire en sorte que ses potentiels clients aient conscience de son existence lorsqu’ils en ont besoin, et en suscitant la confiance à partir d’un modèle technologique nouveau, la cession électronique de créance.

Un défi à relever pour une société qui n’est ni une banque, ni un établissement de crédit, mais une startup avec un modèle technologique innovant. « Nous sommes différents, d’où la nécessité de créer dès le départ un écosystème de confiance avec un ensemble de partenaires : Euler-Hermès, Société Générale, etc. », insiste le co-fondateur.

Cette innovation dans la manière opérationnelle de fourniture de services aura, en effet, été l’aboutissement d’un long processus de validation, qui ne demande qu’à démontrer son efficacité.

Et le risque de défaut de paiement ?

Outre le délai de paiement, toute facture présente un risque d’impayé qui nécessite d’après les dirigeants de la startup « une gestion multifacette » de cet aléa.

Avec la solution sans engagement de volume ou de durée proposée par Finexkap, la constitution d’un fonds de garantie n’est pas possible et la startup a, ici encore, innové en deux temps.

-  D’abord avec une sélection plus exigeante des clients, rendue notamment possible avec un service dématérialisé par nature plus rapide que chez les traditionnels acteurs du marché, mais aussi à l’aide de modèles de scoring des entreprises – aussi bien les cédantes que les débitrices – qu’elle a développé, lui permettant de réduire son risque.

-  Avec, ensuite, la mise en place d’une solution de « titrisation » des factures financées, qu’elle peut ainsi placer auprès des grands groupes (et quelques investisseurs privés) disposant de liquidités à placer à court terme, et la pratique d’une retenue de garantie détachée du coût du financement, destinée à assurer en partie le risque de bon règlement de la facture à la suite de l’acquisition.

Un pourcentage (10%) est ainsi prélevé au profit de la filiale de la société, Finexkap AM, une société de gestion de portefeuille agréée par l’AMF en charge de l’analyse et du recouvrement des créances commerciales acquises par l’intermédiaire de son véhicule sous gestion, par ailleurs enregistrée en tant que recouvreur de créances auprès du procureur de la République, près le tribunal de grande instance de Paris.

Le coût du risque est évalué en fonction d’une prédiction du taux de perte. Il est intégré dans le prix de la prestation proposée par Finexkap, dont une portion est laissée dans le véhicule.

Par ailleurs, une police d’assurance dédiée a été créée afin de couvrir le risque de défaut de paiement. La société affirme en définitive être au moins aussi sélective que le leader mondial d’assurance-crédit.

Conclusion

Par l’utilisation de créances électroniques et la méthode d’analyse du risque propre au business model de la startup, Finexkap s’inscrit pleinement dans l’univers des Financial Technologies.

Avec une volonté d’ubériser l’affacturage, une activité aujourd’*** pratiquée par une douzaine de groupes bancaires centrés sur les grands comptes, la startup propose une offre d’abord complémentaire, plutôt que concurrente, en créant un conduit entre investisseurs privés et TPE/PME ayant des besoins de financement. Mais en définitive, cette solution, au même titre que celles proposées par d’autres startups de la FinTech, cristallise fondamentalement les prémisses d’un changement de culture bancaire avec de nouveaux services qui placent le client au centre de toutes les attentions.


Propos recueillis par Louis-Nicolas Ricard auprès de Cédric Teissier et Léa Véran (Finexkap).

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