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Au sein du droit répressif, c'est-à-dire dans le domaine du droit pénal mais aussi des sanctions administratives, la pratique du « name and shame » occupe une place singulière. Consistant à dénoncer nommément...
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Hervé Temime avait-il prêté attention à ces mots du rabbin Haïm Korsia, vendredi 24 février, aux obsèques de son ami et complice de prétoire, Pierre Haïk ? « On raconte que Dieu envoie toujours un messager aux enterrements, disait-il. Non pas pour en savoir plus sur le mort, il le connaît mieux que personne. Mais pour savoir comment les vivants parlent de celui qui n’est plus. De la trace qu’il laisse en eux. »
Le flot unanime d’hommages qui saluent la mémoire d’Hervé Temime, depuis ce lundi 10 avril où son décès a été annoncé, en dit long. Non pas sur l’homme qu’il était, mais sur l’avocat qu’il représentait. Au-delà des étiquettes usées de « ténor » ou d’« avocat des puissants », Hervé Temime était d’abord l’avocat du métier d’avocat. De ses devoirs, de sa grandeur et de sa nécessité. Beaucoup s’en prévalent, plus rares sont ceux qui peuvent l’incarner. En endossant la robe, il y a 44 ans, Hervé Temime s’était promis qu’il serait l’un d’eux.
Ce n’est pas pour rien qu’il plaçait Henri Leclerc dans son Panthéon personnel. Rien de plus dissemblable que ces deux personnalités, la bonhomie et le désintérêt matériel de l’une, l’ego envahissant et l’opulence de l’autre. Mais avec son aîné de vingt-trois ans, Hervé Temime partageait la même orgueilleuse certitude : servir son métier était le seul ministère qui valait.
Sur la façon de l’exercer, il s’était fixé une fois pour toutes « l’axe gagnant » : intégrité, crédibilité, sincérité. Trois conditions qui ne toléraient à ses yeux nulle dérogation pour tenir son rang. Comme pour tant d’autres, il fut pour moi une référence autant qu’une exigence.
Un interlocuteur professionnel rare, aussi respectueux de l’indépendance de chacun qu’il était attaché à la sienne. Sa carrière, son brio, ses colères, sa générosité, la notoriété de ceux qu’il défendait, ont été racontés ailleurs. Puisqu’il faut choisir, je retiens deux moments singuliers.
Le premier date de 2007. Hervé Temime succédait à Georges Kiejman, en défense de la famille d’Agnès Le Roux, au procès de Maurice Agnelet, dont l’acquittement avait été prononcé un an plus tôt à Nice. De cette place d’avocat de partie civile, qu’il avait exceptionnellement acceptée, Hervé Temime était parvenu à faire partager à la cour et aux jurés sa conviction de la culpabilité de l’accusé. Maurice Agnelet avait été condamné. Mais ses premiers mots, en plaidant, avaient été de rappeler aux juges et aux jurés que s’ils avaient le moindre doute, il était de leur devoir d’acquitter. Des mots d’avocat tout court.
Le second ne date que de quelques semaines. Devant le tribunal correctionnel de Paris, Hervé Temime s’était levé en défense de son confrère Xavier Nogueras, poursuivi aux côtés d’un autre pénaliste, Joseph Cohen-Sabban et de leur ancien client narcotrafiquant, Robert Dawes. Aux envolées de ceux qui l’avaient précédé, il avait préféré l’implacable et humble rigueur de la jurisprudence pour affirmer que le délit de complicité d’escroquerie au jugement reproché à son client ne tenait pas en droit. À son jeune confrère prévenu, il avait parlé comme un père, aussi tendre que sévère, en lui promettant qu’il garderait sa robe.
Hervé Temime ne connaîtra pas ce délibéré. Mais porter au plus haut la grandeur d’un métier, c’est aussi défendre avec la même autorité, la même intransigeance et la même bienveillance, ceux qui l’ont écornée.
« Sur la façon d’exercer son métier, il s’était fixé une fois pour toutes « l’axe gagnant » : intégrité, crédibilité, sincérité. » ne solution dédiée. Mon cabinet va pouvoir réaliser des économies ».
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